mercredi 30 novembre 2011

6. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque

la source et la flaque (3)

interlude au polar : noire destinée



Elle sort du trou nickel, tirée c'est clair à quatre épingles et elle se trisse, elle gicle elle n’arrête plus de mettre les bouts ; les flubes, la rousse aux miches, partout tricarde et toujours en cavale elle met la sauce : elle était laguche, en moins de jouge elle s’est fait la malle.

L’autre qui la jette mal, plutôt paletot, encore laga au page de sa carrée glauque, planquée ou dans le lac, craspouille comme un glave et qui plombe la mouscaille (pas pour rien qu’on lui a collé un blase comaque,
la flaque, rapport aux bestiaux qui dépotent, got got).

L’une et l’autre coulent de l’ange, pourtant, tombées du ciel, les deux, comme qui dirait frangines mais le destin.

dimanche 27 novembre 2011

5. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque

la source et la flaque (2)
(eau vive versus aquæ mortuœ)

...sourd et court ne s’attache à ni lieu court ni temps aller voir ailleurs rien court et toujours là rendez-vous ici rendez-vous là-bas court noyade et ciel et pluie et puis s’infiltre et...

La source en mal de mer fuit vers son destin.

Source ou le sens de la perdition.
Source et liberté de circulation.

Travail sur soi, pureté encore,
courir après soi redoubler d'efforts : la source ou s’évertuer à devenir.

Infiltration, filtrage et chargement, circulation... autant de ruses pour déjouer les lois de la gravité.  
 

Infiltration, filtrage et chargement, circulation -excès d’activité de la source joueuse d’un côté, décantation passive de l’autre, apathie d'une flaque stupide, une flaque frappée de stupeur. 

... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 

flaque
trouble 
insignifiance 
stagnation
creux sans profondeur
immobilité (nulle part où aller,
aucun sens à prendre pour aucun ailleurs à l'horizontale ou en profondeur, reste la surface, reste le ciel)
à quoi bon s'agiter ? 
flaque sans importance, aimée des enfants, des cochons, du soleil
 
Eau trouble au creux d'un fond vaseux, la flaque est peu de chose.
(Est-elle seulement une
chose ? y revenir ; se demander aussi si ce qui la distingue réellement de la source n’est pas finalement le reflet.)
 
décamper pas question, décante et prend son temps, assimile lentement et sans perdre courage vingt fois sur le métier remet l'ouvrage, s'abandonne aux vents aglagla au froid ne se dérobe pas, soleil de plomb ou langue de bois ne se fait pas la belle, informe, amorphe, ne fait pas la belle, se laisse aller c'est une flache  

un jour lisse un jour ridée un jour trouble un jour sereine un jour agitée toujours soumise à ses états se laisse aller c'est une valse-hésitation

... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 

multiplie les ruses les effets, décontraction guindée, désinvolture trop affichée, corps à corps de tous les instants avec la gravité la pesanteur contre lesquelles elle ne peut rien
la source tend à
tend vers
tendue la source est raide 

Infiltration, filtrage et chargement, circulation... autant de trucs pour tenter l'impossible, échapper à la pesanteur. 


Travail sur soi, pureté toujours pureté encore, redoubler d'efforts, courir après soi : la source ou s’évertuer à devenir ce qu'on n'est pas

... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 
  
[ci-gît]
lâche
la flaque achoppe au même cul-de-sac la même
flache
être en bas l'admettre et même mieux : vouloir
y rester
accepter sa lie s'accepter salie
reposer
 
                          se méfier de l'eau qui dort

 
... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 


Toute eau file insaisissable entre les doigts laissant dans le souvenir sur le papier ou sur l'écran des taches informes.

Du ciel à la terre de la terre au ciel l’eau ne fait que passer et donc repasser ne fait qu'aller venir et donc revenir dans le même éternel mouvement : cela revient au même.

Source ou flaque, plus que deux choses, deux manières de revenir au même.
 
Il y a une esthétique de la source et une esthétique de la flaque.

Le plus souvent séduit par la saillie, le flamboyant, l'écriture qui jaillit et puis coule ; l'autre, brouillée, perplexe et qui ressasse, ressasse, lourde n’avance pas, l'autre non. 

Et pourtant.
Concrète, pas virtuose pour un sou la flaque ne craint pas le trouble, encore moins l'opprobre ; et si stupidement elle stagne, elle sait aussi s’évaporer, s'effacer où la source insiste, s'incruste, s’éternise dans sa course vaine.

Cette obsession d'une légèreté d'une transparence visibles -que la source n'est pas seule à travailler-, ce besoin d’être là sans en avoir l'air et qu'on le remarque, graphomane en définitive besogneux. 

... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 


Source ou flaque 
ce n'est que de l’eau camarade 
inconsistance et pesanteur 
ce n'est que deux mots
qu'on agite et la boue


toute écriture est de la cochonnerie

mercredi 23 novembre 2011

4. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque

la flaque et la source (1)

Elle ne coule pas de source, ne sourd pas. La flaque apparaît, voisine du lactaire, du bolet, trois gouttes de pluie et la voilà, à même le sol, sans tralala, de génération spontanée ou quasi, voisine ou cousine aqueuse.

Elle ne surgit pas ne pénètre pas ne s’infiltre pas. Aucune ruse, pas le moindre détour, séjour en douce dans les profondeurs à puiser les sels de la terre, obscur tréfonds et la transmutation des scories en reliques, ni pénitence ni purgatoire en vue d'un retour purifié, résolument indifférente à ces chichis la flaque est telle qu'elle est elle en restera là.

Comment va-t-elle ? La flaque ne va pas, elle stagne. Elle est là elle y reste, s'obstine à demeurer, à croupir dans une flache inflexible, fermement imperméable. La nécessaire circulation ? Certes elle se fait, imperceptible et par le haut.

Le vil l'excrément chutent, pesanteur oblige le déchet déchoit, fondamentalement la matière décline. La flaque, née au plus bas, se voit naturellement interdite de descente. Hormis la boue qui se dépose au fond, une boue qui n'est dans le fond que poussière, un fond somme toute plutôt superficiel, pour l'essentiel la flaque se déperd en hauteur, littéralement aspirée.

Pour l'essentiel n'est pas un vain mot : passé le premier filtrage, tout décanté, c'est la substance même de la flaque qui peu à peu mais sûrement se dissout dans l'irrésistible ascension. Assèchement, évaporation, verticalité à rebours de la perte. Vidange aux airs éthérés.

Purge subtile et radicale : si la source est intarissable, de la flaque il ne restera rien.


lundi 21 novembre 2011

3. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque

Trois variations autour de la flaque

1.
Ne coule pas de source découle de flasque à l'instar de flache ou comme flac, flasque de flaccidus, tout dans la flaque telle qu’on la nomme appelle le mou.

Parce qu’avant le bitume on s’y enlisait ?

Flaque rurale, terre et eau, l’une imperméable l’autre fluide, l’argile imbibée d’eau volontiers gonfle et donne dans la plasticité -qui de l'usage ou du langage réduit celle-ci à la flaccidité ?



2.
          l’encre du stylo en énorme goutte
                      coule et se répand

        nappe s’étale sur la    feuille   
                                   de   
papier
                                   
            surface légère de couches
accumulées

             couches discrètes
            imperceptiblement           superposées
     

flaque
              flache
                      flaccidus
                                  flaccus
                                           bhelag

                                                       ...
                                                           ...

 

tant de strates affleurent dans la flaque
                     -le mot les absorbe-
                épiée par la mémoire


3. 
boue de haut en bas
   eau de bout en bout
    nature double

 ce ciel en sus cédé 
descendu
à la surface roulé
chute et trinité

    nature à coup sûr trouble
  flic flac 
  clapotis  
apparence agitée

au moindre courant d’air
avis de tempête
dans un bénitier

 surprise néant
  dès la première goutte on entend
  tout est dit la fin connue d'avance
:
   tôt ou tard éponger l’effusion

      quand et par quel moyen ? quelle voie ? 
quel deus ex machina ?
khamsin ? foehn ? harmattan ? 
simplement l’œuvre du temps ?
on patauge

ô ciel ! ô terre ! ô prodige nouveau !
bah ! qui vivra verra !
     pas de quoi en faire un drame
    encore moins une tragédie

    d'ailleurs tiens ! v'là la pluie

où est-il l'été l'été où est-il ? méli-mélo
ô ciel ! ô terre ! ô prodige nouveau !
tout qui se dessèche et revient

condamné au cyclisme perpétuel
pédale dans la choucroute

patauge dans 
la flaque


mardi 15 novembre 2011

2. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque


Le mot et la chose

Tout nom est onomatopée. Arbitraire autant que nécessaire en un lieu en un temps donnés. Inéluctable et hasardeux. Le premier qui par besoin nomme émet un son. Un son quelconque, pas n’importe quel son. Rauque ou suave. Bref ou long. Paisible ou inquiétant. Âpre ou chantant. Un son que le lieu, le temps, l'expérience et la voix imposent. Qui peu ou prou colle aux sensations que la chose inspire. Parce qu’il leur convient, ou bien c’est machinal, peut-être qu'ils ne pouvaient pas faire autrement, d’autres l’approuvent, pour le moins l’admettent. Plus ou moins fidèlement le reprennent, le nom cahin-caha fait son trou. Sa flache. Vient la pluie.

Il n’était pas inscrit dans l’eau ou dans la boue, dira l'un,
la voix l'invente.

Il sommeillait dans le creux de la flache, assure l'autre, 
n'attendait que la voix pour sonner.  


    [flak]

jeudi 3 novembre 2011

1. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque



  iconoclaste
le cochon
qui se vautre
 dedans
?

 se complaît
   dans la combinaison hasardeuse d’accidents
 que çà et là
                      on appelle

                                                                        FLAQUE   ?
                                                                                        

vrac non exhaustif :

une flache ou dépression
         du sol 

un sol 
   -ses passés entassés 
               vivants-
            stratifié dans son historique 
                                 (géo-généalogique)

profond par l'accumulation de couches superficielles 

           un glissement
(affaissement) dudit sol
         -imperméable évidemment-
                                                                                  
un nuage
un ciel

(l’eau de pluie les entraîne dans sa chute  :
le ciel et le nuage qui s’étalent dans la flaque)

et puis
de temps en temps
qui se vautre dedans
le cochon

sachant que

la flache est arbitrairement posée pour point de départ/l’origine est partout et n’est pas l’origine/la fin nulle part/le nécessaire élément de départ quel qu'il soit n'en est pas/on tourne autour des stades et toujours une   situation éphémère 
               qui se laisse retenir par n'importe quel temps/
                                          n’importe lequel de ses temps/
                                  
                                                 l’essentiel étant
                               emporté par/perdu dans    

       le mouvement/ 
           fondu au                                                 passage/
                   

improbable/introuvable/essentiel


mais le regard toujours se fixe
                        en quelque lieu qu’il fige



ici
la flaque